Toute l’équipe de la MCATMS vous souhaite une BONNE et HEUREUSE ANNEE 2022
BILLET D’HUMEUR (Charlène Weber psychologue)
Et toi, tu te mets à ton compte maintenant que les psys sont remboursés ?
« Alors ? Tu t’installes à ton compte cette année, maintenant que les psychologues sont remboursés par la sécu ? »
J’ai beaucoup entendu cette phrase pendant les fêtes de fin d’année. Elle avait le pouvoir de relancer le débat sur la validité des psychothérapies, des psychothérapeutes, de la sécurité sociale, de nos impôts, du gouvernement, du « mais dans quel monde vit-on ! » et ainsi de suite.
Mais qu’en est-il vraiment du remboursement des psychologues par le régime de la Sécurité sociale ?
Le 28 septembre 2021, suite aux Assises de la Santé Mentale et de la Psychiatrie, notre gouvernement a fait plusieurs annonces sur les prises en charge autour de la Santé Mentale des Français, notamment le remboursement des séances chez un psychologue diplômé d’Etat.
Mais est-ce le cas pour tous les psychologues ? Dans la France entière ? A combien se ferait le remboursement ? Pour combien de séance ? Pour toutes les pathologies ?
Ces questions ont enflammées les professionnels de Santé et les réponses données par les medias n’étaient pas très rassurantes.
Après m’être penchée sur la question, je vais essayer au mieux de vous résumer les conditions de remboursement des séances de psychothérapies avec un psychologue diplômé d’Etat, projet nommé « MonPsySanté » et annoncé pour le printemps 2022.
Comme mentionné ci-dessus, il conviendra d’avoir obtenu un diplôme de psychologue validé par l’Etat pour accéder aux remboursements de ses séances. Mais ce n’est pas tout.
Tous les psychologues ne seront pas pris en charge par la Sécurité Sociale.
Pour être intégré au projet « MonPsySanté », il faudra déposer sa candidature sur monpsy.sante.gouv.fr dès la fin du mois de janvier. Chaque département choisira un nombre de thérapeutes qui seront reconnu par l’Assurance Maladie et pourront être remboursés. Le nombre de candidats retenus se fera par département en fonction de leur besoin. Les conditions de choix des psychologues candidats n’ont pas vraiment été transmises ou clairement énoncées.
Si vous êtes retenus par votre département, vous pourrez alors recevoir des patients sur ordonnance médicale (peu importe la spécialisation du médecin, mais le généraliste c’est mieux). Ces patients devront présentés des troubles légers à modérés.
Et vous serez alors remboursés de 40 euros pour la première séance puis de 30 euros pour les séances suivantes, sans la possibilité de dépassement d’honoraire. Le patient aura le droit à 8 séances renouvelables annuellement sur évaluation médicale.
Nous pouvons saluer la tentative de démocratiser les prises en charge psychologiques. Cependant, les conditions et le cadre de ce projet restent trop flous et trop insécurisant pour être acclamé par toute la profession.
Ne me sentant pas assez courageuse pour mettre un pied dans ce projet novateur mais maladroit, je vais rester tranquillement derrière mon bureau de la MCATMS et ne pas être remboursée.
ACTU
DRY JANUARY 2022 : c’est parti
Ce défi consiste à ne pas consommer d’alcool pendant tout le mois de janvier et à s’interroger sur son rapport à l’alcool.
L’édition 2021, malgré la crise sanitaire, a été un succès. Pendant tout le mois de janvier2021, ce sont plus d’une trentaine d’associations & fédérations, de sociétés savantes, de groupements de patients et d’acteurs mutualistes, qui ont animé la campagne du Dry January – Le Défi De Janvier 2021.
Selon les organisateurs, plus d’une personne sur dix (11%) affirmait avoir pour objectif de ne pas consommer une goutte d’alcool jusqu’à la fin du mois de janvier2021 !
L’application pour mobile TRY DRY a connu 11 295 téléchargements (versus 3 700 pour l’édition 2020).
Pour en savoir plus : https://dryjanuary.fr/
Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) actualise ses recommandations sur la cigarette électronique
Le HCSP actualise son avis du 22 février 2016 relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique dans un avis publié le 4 janvier 2022
Un travail de synthèse de la littérature lui permet de formuler des recommandations pour la prise en charge des fumeurs, les politiques publiques, l’information de la population et la recherche.
En particulier, le HCSP souligne que les connaissances fondées sur les preuves sont insuffisantes pour proposer les cigarettes électroniques comme aides au sevrage tabagique dans la prise en charge des fumeurs par les professionnels de santé.
Ainsi, les professionnels de santé qui accompagnent un fumeur dans une démarche de sevrage tabagique, se doivent d’utiliser des traitements médicamenteux ou non, ayant prouvé leur efficacité.
Concernant les jeunes, la relation entre initiation à l’e-cig et initiation au tabac est documentée par des études de cohortes. L’objectif de retarder l’initiation et l’usage des cigarettes électroniques chez les adolescents non consommateurs de tabac relève ainsi du principe de précaution.
Le HCSP recommande le maintien de l’interdiction de vente aux mineurs et que des mesures soient prises pour s’assurer de l’effectivité et du monitorage de son application.
Source : https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=1138
L’association SOVAPE qui avait été associée aux travaux du HCSP et qui ne partage pas cet avis, se dit « consternée » par la publication de ce communiqué.
A lire aussi : https://www.sovape.fr/sovape-ne-partage-pas-lavis-du-hcsp-lassociation-rend-public-ses-travaux/
Législation et CBD : quoi de neuf ? la suite…
Le 31 décembre 2021 est paru au journal officiel un arrêté gouvernemental sur la production le commerce et la vente du chanvre :
« Les fleurs et les feuilles ne peuvent être récoltées, importées ou utilisées que pour la production industrielle d’extraits de chanvre. Il en résulte en particulier que la vente aux consommateurs de fleurs ou de feuilles brutes sous toutes leurs formes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients, notamment comme produits à fumer, tisanes ou pots-pourris, leur détention par les consommateurs et leur consommation sont interdites. »
Cette interdiction est justifiée par le gouvernement par des motifs de santé. « Outre une teneur en THC plus importante dans les fleurs et les feuilles brutes qui les rapproche des stupéfiants, les risques liés à la voie fumée sont établis. »
Par ailleurs, selon le ministère de la santé, il subsiste à ce jour des incertitudes sur les effets sur la santé de la consommation de produits à base de CBD : des études scientifiques ont montré que le CBD agissait au niveau du cerveau sur les récepteurs à la dopamine et à la sérotonine en faisant ainsi un produit psychoactif à part entière. Sa consommation peut donc avoir des effets psychoactifs, de sédation et de somnolence.
Cette interdiction est également justifiée par des motifs d’ordre public, dans la mesure où, pour préserver la capacité opérationnelle des forces de sécurité intérieure de lutter contre les stupéfiants, celles-ci doivent pouvoir discriminer simplement les produits, afin de déterminer s’ils relèvent ou non de la politique pénale de lutte contre les stupéfiants.
Source : https://www.drogues.gouv.fr/actualites/cbd-nouvel-arrete-paru et https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044793213
Le 7 janvier 2022, le conseil constitutionnel a déclaré l’arrêté conforme à la constitution, il doit maintenant être validé par le conseil d’état.
En attendant, de nombreuses boutiques de vente de CBD ont fait le choix de rester ouvertes et la publicité à la télévision ne s’est pas arrêtée….Affaire à suivre
DERNIERE MINUTE- 24 janvier 2002 : Saisi par des commerçants du secteur, le juge des référés du Conseil d’Etat suspend à titre provisoire l’interdiction de commercialiser à l’état brut des fleurs et feuilles de certaines variétés de cannabis, alors même que leur teneur en THC est inférieure à 0,3 %. Le juge relève que ce seuil, en dessous duquel les produits sont dépourvus de propriétés stupéfiantes, est celui que retient la réglementation pour autoriser la culture, l’importation, l’exportation et l’utilisation industrielle et commerciale de certaines variétés de cannabis.
En attendant que le Conseil d’Etat se prononce définitivement au fond sur la légalité de l’arrêté contesté, le juge des référés suspend à titre provisoire l’interdiction contestée…
Surdosage aux opioïdes : mise à disposition de NYXOÏD (pulvérisation)
Comme nous l’avions expliqué dans un précédent article : jusqu’en 2020, une autre spécialité à base de naloxone en pulvérisation nasale, NALSCUE 0,9 mg/0,1 ml, était disponible dans les structures hospitalières, les CSAPA et les CAARUD. Elle n’a jamais été proposée en ville, faute d’accord sur le prix, fin 2020 le laboratoire a stoppé l’approvisionnement du marché français.
Pour lutter contre le surdosage aux opioïdes, il ne restait que le PRENOXAD disponible uniquement en injection sous cutanée ce qui pouvait poser des problèmes aux personnes peu habituées à manipuler des aiguilles (même si l’utilisation avec un dispositif nasal MAD (cf. Gazette 2) est possible)
Depuis début octobre 2021, le NYXOID 1,8 mg solution pour pulvérisation nasale en récipient unidose est disponible.
Principales caractéristiques du NYXOID :
- NYXOÏD se présente en flacon pulvérisateur de 0,1 ml, pour administration nasale ; chaque flacon contient une seule dose (flacon unidose) correspondant à 1,8 mg de naloxone. Une boîte de NYXOÏD contient 2 flacons.
- Le schéma posologique comporte une première pulvérisation (soit 1,8 mg de naloxone), dans une narine. Si l’état du patient ne s’améliore pas, ou s’il se dégrade à nouveau, une seconde dose peut être administrée dans l’autre narine.
Dans tous les cas, il est important de prévenir les secours. - NYXOID est réservé à l’adulte et à l’enfant de plus de 14 ans (NALSCUE pouvait être utilisé chez les nourrissons en cas d’intoxication accidentelle)
- NYXOÏD est un médicament soumis à prescription médicale obligatoire. (ce qui n’est pas le cas de PRENOXAD)
Il est agréé aux collectivités et remboursable à 65 % (31,40 euros la boîte de 2 flacons).
- Le schéma posologique comporte une première pulvérisation (soit 1,8 mg de naloxone), dans une narine. Si l’état du patient ne s’améliore pas, ou s’il se dégrade à nouveau, une seconde dose peut être administrée dans l’autre narine.
LA GUEULE DE BOIS ou VEISALGIE
En ces périodes post festives, nous nous intéressons à un sujet d’actualité….
Banal ou banalisé, le lendemain de l’ivresse alcoolique est presque admis comme le prix à payer de l’excès de la veille. Classiquement nommée « gueule de bois » en français parmi différents autres synonymes familiers ou argotiques, l’appellation plus scientifique est la veisalgie ou en anglais vesialgia un néologisme inventé par des chercheurs américains qui ont puisé dans le vocabulaire norvégien («kveis» qui signifie «malaise qui suit la débauche») et la racine grecque «Algia» qui signifie douleur). Les anglo-saxons la dénomme également « hangover », ou « lendemains de veille » pour les Québécois.
Les symptômes de la Gueule de bois
Dans la littérature scientifique, la veisalgie est habituellement décrite comme un inconfort généralisé suivant la consommation d’une quantité d’alcool importante. La sévérité de ces symptômes peut être assez prononcée pour engendrer des problèmes fonctionnels chez ceux qui les ressentent. Les malaises apparaissent quand la concentration d’alcool dans le sang amorce sa descente. Ils sont à leur point culminant quand elle est redescendue à zéro. L’inconfort associé à la veisalgie dure rarement plus de 24 heures.
Les symptômes de la veisalgie sont associés au taux d’alcoolémie qui dépend essentiellement de trois facteurs : le temps, le poids et le sexe. La symptomatologie serait plus intense chez les femmes et avec l’avancée en âge (Razvodovsky, 2021).
Les symptômes de veisalgie les plus fréquemment rapportés se déclinent en huit grandes catégories :
- Effets généraux : fatigue, mal-être, soif, sécheresse de la bouche
- Douleurs : maux de tête, douleurs et crampes musculaires, douleurs abdominales…
- Troubles digestifs : perte d’appétit, gastralgies, nausées, vomissements et diarrhées.
- troubles végétatifs : tachycardie, palpitations, HTA, tremblements, bouffées de chaleur ou sensations de froid, sueurs…
- hypersensibilité aux sons et à la lumière, vertiges.
- Sommeil : insomnies
- Atteintes cognitives : réduction de l’attention, de la concentration et de la mémoire à court terme.
- troubles psychopathologiques, avec irritabilité, culpabilité et remords, anxiété, dysphorie, dépression…
Les causes de la GB
Le phénomène de la gueule de bois est un des sujets de l’alcoologie les moins bien documentés. Sur la base des travaux réalisés à ce jour, il est actuellement possible de proposer deux grandes catégories d’explications.
Il y a d’abord les causes indirectes qui sont les carences en eau, en sucre et les carences de sommeil qu’entraîne la consommation abusive.
Il y a ensuite une cause directe qui est la production d’acétaldéhyde.
- Carences en eau, en sucre et carences de sommeil
La consommation excessive d’alcool agresse à peu près toutes les parties du corps et les organes attaqués sont poussés à se défendre. Or, ces mécanismes de défenses physiologiques provoquent une déshydratation et une insuffisance de glucose.
Ce sont ces carences en eau et en sucre qui expliquent particulièrement l’inconfort du lendemain.
- Déshydratation
Les douleurs musculaires, les maux de tête et la grande sensation de soif sont le résultat de la déshydratation.
En effet, lorsqu’il est déshydraté, le corps va puiser de l’eau dans certains organes, dont le cerveau. On observe alors une atrophie du cerveau, ainsi qu’une réduction de taille des méninges (enveloppes protectrices entourant le cerveau).
C’est leur atrophie qui provoque les maux de tête. Le corps déshydraté présente aussi un manque important d’électrolytes, ce qui pourrait expliquer les crampes et les douleurs musculaires qui sont habituellement ressentis lors de la GB.
- Diminution de la concentration de glucose
Bon nombre des symptômes ressentis sont également ceux de l’hypoglycémie.
En effet, la majeure partie de l’alcool consommé est métabolisée par le foie. Ce faisant, le foie, dont une des caractéristiques les plus remarquables est la production de glucose, ne parvient plus à remplir cette fonction vitale.
Une carence en glucose entraîne des perturbations et un fonctionnement anormal du cerveau. Voilà pourquoi, dans les heures suivant la prise d’alcool, ceux qui ont trop bu ressentent de la faiblesse, de la fatigue, des vertiges, de l’anxiété, des difficultés de concentration, des troubles visuels, etc.
- Perturbation du sommeil
D’autres chercheurs ont démontré que le lendemain d’une cuite, le manque de sommeil causé par la consommation abusive d’alcool aggrave la sensation de mal être.
Si l’alcool favorise l’endormissement il modifie le cycle du sommeil. Plus précisément, l’alcool peut causer de l’insomnie, des éveils à répétition et exacerber les troubles du sommeil. Cela explique pourquoi le lendemain d’une consommation excessive d’alcool, il y a risque de se sentir fatigué et de ne pas être en pleine possession de ses capacités cognitives.
Il n’y a pas de bon sommeil après une cuite.
- La production d’acétaldéhyde
La majeure partie de l’alcool consommé est transformé par le foie. Lors de cette métabolisation, le foie produit une enzyme : l’alcool déshydrogénase (ADH) qui transforme l’alcool en acétaldéhyde, une substance très toxique.
À haute concentration, l’acétaldéhyde a des effets sur l’ensemble de l’organisme. Il provoque notamment des rougeurs du visage, des sueurs, de la nausée, des vomissements et de la tachycardie.
Étant donnée la ressemblance entre ces symptômes et ceux de la veisalgie des auteurs avancent que l’inconfort du lendemain est le résultat direct de la métabolisation hépatique de l’alcool.
Traitement de la Gueule de Bois
Aucun traitement curatif de la veisalgie n’existe, même si chacun à des recettes plus ou moins pharmacologiques.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou l’aspirine, classiquement évoqués, sont partiellement efficaces sur les céphalées, mais rajoutent un effet gastro-toxique.
Aucun autre médicament ou produit de parapharmacie n’a prouvé d’effet.
Reboire de l’alcool (quel que soit le cocktail), ne sert pas non plus, dans l’idée de soigner le mal par le mal, si ce n’est justifier ou rationaliser une ré alcoolisation masquant la symptomatologie.
Différents conseils diététiques à base de fruits ou d’herbes peuvent subjectivement ou objectivement soulager (Srinivasan, 2019).
Surtout, il semble généralement proposé de se réhydrater, de manger modérément, et de dormir…
Quant à une prévention pour autoriser à boire sans lendemains qui déchantent, de multiples recettes diffusent depuis l’antiquité, de boire de l’huile d’olive, gober un œuf (de chouette…), manger salé, porter un collier (ou une couronne), de certaines fleurs ou plantes, avoir des marrons (ou une améthyste) dans sa poche… dans une pensée essentiellement « magique ».
Un effet de la vitamine B6 a parfois été évoqué, sans être confirmé (Wiese, 2000).
L’essentiel de la prévention passe par la modération des consommations d’alcool : ici aussi, « Boire moins c’est Mieux »…
Contact Gazette : p.lariviere@mcatms.org